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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/86

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les mille nuits et une nuit

Alors il perçut un concert d’instruments divers et de luths qui accompagnaient des voix ravissantes chantant des chansons en une langue savante ; et il perçut aussi des voix d’oiseaux chanteurs qui glorifiaient Allah Très-Haut sur des modes charmeurs ; il distingua, entre autres, la voix des tourterelles, des rossignols, des merles, des bulbuls, des pigeons à collier et des perdrix apprivoisées. Alors il s’émerveilla en son âme et, à cause du plaisir énorme qu’il ressentait, il passa la tête par l’ouverture de la porte et vit, au fond, un jardin immense où se pressaient de jeunes serviteurs, et des esclaves, et des domestiques, et des gens de toute qualité, et il y avait là des choses qu’on ne pouvait trouver que chez les rois et les sultans.

Après cela, bouffa sur lui une bouffée d’odeurs de mets certainement admirables et délicieux, bouffée où se mêlaient toutes sortes de fumets exquis de toutes les diverses victuailles et boissons de bonne qualité. Alors il ne put s’empêcher de soupirer ; et il tourna les yeux vers le ciel et s’écria : « Gloire à Toi, Seigneur Créateur, Ô Donateur ! Tu fais tes donations à qui te plaît, sans calcul ! Ô mon Dieu ! si je crie vers toi, ce n’est point pour te demander compte de tes actes ou pour te questionner sur ta justice et ta volonté, car la créature n’a point à interroger son maître tout-puissant ! Mais, simplement, je constate. Gloire à toi ! Tu enrichis ou tu appauvris, tu élèves ou tu abaisses, selon tes désirs, et c’est toujours logique, bien que nous ne puissions comprendre ! Ainsi, voilà le maître de cette riche maison… Il est heureux aux extrêmes limites de la