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les mille nuits et une nuit

et mes mamalik sur les sièges d’ivoire ; et, à ce spectacle, je me rappelai le roi mon père, ma mère et le trône que j’avais perdu, et je me mis à pleurer ; et mes mamalik aussi, pleurèrent d’émotion.

Pendant que nous étions plongés dans ces souvenirs attristants, nous entendîmes un grand bruit, pareil au tumulte de la mer, et nous vîmes bientôt entrer dans la salle où nous étions un cortège formé par des vizirs, des émirs, des chambellans et des notables, mais tous étaient de l’espèce des singes. Il y en avait qui étaient de la grande variété et d’autres qui étaient de la petite espèce. Et nous crûmes notre fin cette fois arrivée. Mais le grand-vizir des singes, qui était de la variété la plus énorme, vint, avec les signes les plus évidents du respect, s’incliner devant moi et me dire, en langage humain, que lui et tout le peuple me reconnaissaient pour leur roi, et nommaient mes trois mamalik chefs de leur armée. Puis, après nous avoir fait servir à manger des gazelles rôties, il m’invita à venir passer en revue l’armée des singes, mes sujets, avant le combat que nous devions livrer à leurs ennemis anciens, les ghouls qui habitaient la contrée voisine.

Alors moi, comme j’étais bien fatigué, je congédiai le grand-vizir et les autres, ne gardant auprès de moi que mes trois mamalik. Après nous être entretenus pendant une heure de temps sur notre nouvelle situation, nous résolûmes de nous enfuir au plus vite de ce palais et de cette terre, et nous nous dirigeâmes vers notre embarcation ; mais, en arrivant au fleuve, nous constatâmes qu’elle avait disparu, et nous fûmes obligés de reve-