Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de la reine yamlika… (le bel adolescent)
119

les jambes et les cuisses en un galop forcené et sans ordre qui nous terrifia dans notre barque déjà hors de leur portée. Et nous étions aussi bien étonnés de l’appétit farouche de ces troncs au ventre coupé, et nous nous demandions comment une pareille chose était possible, tout en déplorant le sort de nos malheureux compagnons.

Nous fûmes emportés par le courant jusqu’au lendemain, et nous arrivâmes alors à une terre couverte d’arbres fruitiers et de fleurs charmantes dans de grands jardins. Mais, lorsque notre barque fut amarrée, moi je ne voulus pas descendre à terre cette fois, et je chargeai mes trois mamalik d’aller d’abord inspecter les lieux. Ils s’en allèrent donc les premiers et, après s’être absentés une demi-journée, ils revinrent me raconter qu’ils avaient parcouru une grande distance, en allant à droite et à gauche, sans rien trouver de suspect ; après quoi ils avaient vu un palais de marbre blanc dont les pavillons étaient de cristal pur, et au milieu duquel se déployait un jardin magnifique avec un lac superbe ; ils étaient entrés dans le palais et avaient vu une salle immense où des sièges d’ivoire étaient rangés autour d’un trône d’or enrichi de diamants et de rubis ; mais ils n’avaient vu personne, pas plus dans les jardins que dans le palais.

Lorsqu’ils m’eurent fait ce rapport rassurant, moi je me décidai à sortir de la barque et je pris avec eux le chemin du palais. Nous commençâmes d’abord par satisfaire notre faim en mangeant les fruits délicieux des arbres du jardin, puis nous entrâmes dans le palais nous reposer. Moi, je m’assis sur le trône d’or