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les mille nuits et une nuit

entretenant avec galanterie ; et moi je saurai bien trouver le moyen de faire tourner les choses selon ton gré ! »

À ces paroles, je remerciai beaucoup le vénérable lieutenant des oiseaux, et courus aussitôt me cacher derrière les arbres, tandis qu’il se retirait dans son pavillon pour recevoir ses sujets.

Je restai assez longtemps à attendre leur venue. Enfin j’entendis des battements d’ailes et des rires aériens, et je vis les trois colombes s’abattre sur le rebord du bassin et regarder à droite et à gauche pour voir si personne ne les observait. Puis, celle qui m’avait parlé s’adressa aux deux autres et leur dit : « Ne croyez-vous pas, mes sœurs, qu’il y ait quelqu’un de caché dans le jardin ? Qu’est-il devenu, le jeune homme que nous avions vu ? » Mais ses sœurs lui dirent : « Ô Schamsa, ne te préoccupe donc pas tellement, et hâte-toi de faire comme nous ! » Et toutes les trois alors se dépouillèrent de leurs plumes et plongèrent dans l’eau pour aussitôt se livrer à mille jeux folâtres, blanches et nues comme le vierge argent. Et je crus voir trois lunes réfléchies dans l’eau.

J’attendis qu’elles eussent nagé jusqu’au milieu du bassin et je me levai debout sur mes deux pieds pour aussitôt m’élancer avec la rapidité de l’éclair et m’emparer du manteau de la jeune fille que j’aimais. Et à mon geste ravisseur répondirent trois cris d’effroi, et je vis les jeunes filles, honteuses d’être surprises dans leurs ébats, plonger entièrement, en ne laissant que la tête hors de l’eau, et courir vers moi en me jetant des regards éplorés. Mais moi