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les mille nuits et une nuit

et ne revint à elle que grâce à l’eau de roses dont un grand flacon appartenait à mon épouse Schamsa.

Après tous les festins et toutes les réjouissances données à l’occasion de notre arrivée et de nos épousailles, mon père demanda à Schamsa : « Que puis-je faire, ma fille, qui puisse t’agréer ? Et Schamsa, dont les goûts étaient modestes, répondit : « Ô roi fortuné, je souhaite seulement avoir pour nous deux un pavillon au milieu d’un jardin arrosé de ruisseaux. » Et le roi mon père donna aussitôt les ordres nécessaires, et au bout d’un très court espace de temps nous eûmes notre pavillon et notre jardin où nous vécûmes à la limite de la félicité.

Au bout d’une année, passée de la sorte au milieu d’une mer de délices, mon épouse Schamsa voulut revoir son père et sa mère au palais des diamants, et me rappela la promesse que je leur avais faite d’aller chaque année passer un certain temps au milieu d’eux. Moi je ne voulus pas la contrarier, car je l’aimais beaucoup ; mais, hélas ! le malheur devait s’abattre sur nous à cause de ce maudit voyage !

Nous nous plaçâmes donc sur le trône porté par nos génies serviteurs et nous voyageâmes à une grande vitesse, parcourant tous les jours une distance d’un mois de chemin, et nous arrêtant, le soir, près de quelque source ou sous l’ombrage des arbres, pour nous reposer. Or, un jour nous nous arrêtâmes juste à cet endroit-ci pour passer la nuit, et mon épouse Schamsa voulut aller se baigner dans l’eau de cette rivière qui coule devant nous. Je fis tous mes efforts pour l’en dissuader, lui parlant de la