garder avec moi pendant de longues années, en ne te laissant manquer de rien, sois-en bien persuadé ! J’ai d’ailleurs encore tant d’histoires étonnantes à te raconter, que celles du roi Beloukia et du bel adolescent triste te sembleront simples aventures de tous les jours ! En tout cas, pour te donner dès maintenant une preuve du bien que je te veux, pour m’avoir écoutée tout ce temps avec une telle attention, voici mes femmes qui vont nous servir à manger et à boire et qui vont chanter pour nous charmer et nous délasser l’esprit jusqu’au matin ! »
Lorsque la reine Yamlika, princesse souterraine,
eut fini de raconter au jeune Hassib, fils de Danial
le savant, l’histoire de Beloukia et celle du bel adolescent
triste, et lorsque le festin et les chants et les
danses des femmes serpentines eurent pris fin, la
séance fut levée et le cortège fut formé pour retourner
à l’autre résidence. Mais le jeune Hassib, qui
aimait à l’extrême sa mère et son épouse, répondit :
« Ô reine Yamlika, je ne suis qu’un pauvre bûcheron,
et tu m’offres ici une vie pleine de délices,
mais il y a dans ma maison la mère et l’épouse ! Et
je ne puis, par Allah ! les laisser plus longtemps
dans mon attente et dans le désespoir de mon absence.
Permets-moi donc de retourner auprès d’elles,
sinon elles mourraient sûrement de douleur. Mais il
est certain que je regretterai toute ma vie de n’avoir
pu écouter les autres histoires dont tu as l’intention
de charmer mon séjour dans ton royaume ! »