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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/216

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les mille nuits et une nuit

Or moi, ayant bu un peu plus que de coutume, je fus poussé par mon esprit enivré à entrer m’asseoir dans cette corbeille qui s’offrait d’elle-même à mon repos. Je ne pus résister à la tentation et je me mis dans la corbeille, pour aussitôt, avant d’avoir pu sauter à terre, me voir enlever rapidement jusqu’à la terrasse où je fus cueilli, sans un mot, par quatre jeunes filles qui me déposèrent dans la maison et m’invitèrent à les suivre. L’une d’elles marcha devant moi, un flambeau à la main, et les trois autres se tinrent derrière moi, et me firent descendre un escalier de marbre et entrer dans une salle d’une magnificence comparable à celle du palais du khalifat. Et moi je pensai en mon âme : « On doit me prendre pour un autre à qui l’on aura donné rendez-vous cette nuit ! Allah arrangera la situation ! »

Comme j’étais encore dans cette perplexité, un grand rideau de soie qui cachait une partie de la salle se souleva, et j’aperçus dix jeunes filles ravissantes, à la taille souple, à la démarche exquise, qui portaient les unes des flambeaux et les autres des cassolettes d’or où brûlaient du nard et de l’aloès de la qualité la plus fine. Au milieu d’elles s’avançait, comme une lune, une adolescente qui aurait rendu jalouses toutes les étoiles. Elle se balançait en marchant et regardait gentiment de côté, à faire s’envoler les âmes les plus lourdes. Or moi, à sa vue, je sautai sur mes deux pieds et m’inclinai devant elle jusqu’à terre. Et elle me regarda en souriant et me dit : « Bienvenu le visiteur ! » Puis elle s’assit et, d’une voix charmante, me dit : « Repose-toi, seigneur ! » Moi, je m’assis avec déjà l’ivresse du vin dissipée et remplacée par une