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le parterre fleuri… (le khalifat…)
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nécessaire pour le chant. Moi j’attendis un bon moment ; puis, comme le khalifat tardait à revenir, je me dis que ce serait folie de manquer une soirée comme celle de la veille, et je courus à la ruelle où je trouvai la corbeille qui pendait. Je me mis dedans, et, une fois remonté, je me présentai à la dame.

En me voyant, elle me dit, en riant : « Je crois bien, par Allah ! que tu as l’intention d’établir ta demeure auprès de nous ! » Je m’inclinai et répondis : « Et qui ne ferait pareil souhait ! Seulement tu sais bien, ô ma maîtresse, que les droits de l’hospitalité durent trois jours, et je ne suis qu’au deuxième. Si je revenais après le troisième, tu aurais le droit de prendre mon sang ! »

Nous passâmes cette nuit fort agréablement, à nous entretenir, à raconter des histoires, à réciter des vers et à chanter, comme la veille. Mais, au moment de descendre dans la corbeille, je pensai à la colère du khalifat, et me dis : « Il n’admettra aucune excuse, à moins que je ne lui raconte l’aventure. Et il ne croira pas à l’aventure, à moins qu’il ne la contrôle par lui-même ! » Je me tournai donc vers l’adolescente et lui dis : « Ô ma maîtresse, je vois que tu aimes le chant et les belles voix. Or, j’ai un cousin qui est bien plus gentil de visage que moi, bien plus distingué de manières, qui a beaucoup plus de talents que moi et connaît mieux que n’importe qui au monde les airs d’Ishak de Mossoul ! Veux-tu donc me permettre de l’amener avec moi demain, qui est le troisième et dernier jour de ton hospitalité charmante…