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les mille nuits et une nuit

vinrent se placer sur les sièges et chantèrent comme les précédentes. Et le khalifat demanda à la plus fine de taille : « Ton nom ? » Elle dit : « Goutte-de-Rosée, ô émir des Croyants ! » Il dit : « Eh bien, Goutte-de-Rosée, nous attendons quelques vers de toi ! » Aussitôt elle chanta :

« J’ai bu le vin sur sa joue
et ma raison s’est envolée.
Alors, vêtue seulement
de ma chemise parfumée
de nard et d’aromates,
je me montrai à toute la rue
pour témoigner de nos amours,
dans ma chemise parfumée
de nard et d’aromates ! »

En entendant ces vers, Al-Mâmoun s’écria : « Ya Allah ! tu as excellé, ô Goutte-de-Rosée ! Répète encore ces derniers vers ! » Et Goutte-de-Rosée, ayant pincé les cordes de son luth, répéta, sur un ton plus senti :

« Je me montrai à toute la rue
pour témoigner de nos amours,
dans ma chemise parfumée
de nard et d’aromates ! »

Et le khalifat lui demanda : « De qui sont ces vers, ô Goutte-de-Rosée ? » Elle dit : « D’Abou-Nowas, ô émir des Croyants ; et la musique est d’Ishak. »

Lorsque les dix esclaves eurent fini leur jeu, le