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le parterre fleuri… (l’adolescente…)
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khalifat voulut lever la séance et se retirer. Mais Ali ben-Hescham s’avança et lui dit : « Ô émir des Croyants, j’ai encore une esclave que j’ai achetée pour dix mille dinars et que je désire montrer au khalifat ; qu’il daigne donc rester encore quelques moments ! Si elle lui plaît, il pourra la garder comme sienne ; si elle ne lui plaît pas, je l’aurai tout de même soumise à son appréciation ! » Al-Mâmoun dit : « À moi donc cette esclave ! » Au même moment apparut une adolescente d’une incomparable beauté, souple et mince comme un rameau de ban, avec des yeux babyloniens pleins d’enchantements, des sourcils comme l’arc rigoureux, et un teint emprunté aux jasmins ; elle avait le front ceint d’un diadème d’or enrichi de perles et de pierreries, sur lequel ce vers courait, en lettres de diamants :

Enchanteresse, élevée par les génies, elle sait percer les cœurs avec les flèches d’un arc sans corde !

L’adolescente continua à s’avancer lentement, et vint s’asseoir en souriant sur le siège d’or qui lui était réservé. Mais à peine Abou-Issa, le frère du khalifat, l’eut-il vue entrer qu’il laissa tomber sa coupe, et changea de couleur d’une si inquiétante façon qu’Al-Mâmoun s’en aperçut et lui demanda : « Qu’as-tu donc, mon frère, à changer ainsi de teint ? » Il répondit : « Ô émir des Croyants, c’est seulement par suite d’un malaise au foie qui me prend quelquefois ! » Mais Al-Mâmoun insista et lui dit : « Connaîtrais-tu, par hasard, cette adolescente, et l’aurais-tu vue avant ce jour ? » Il ne voulut plus nier, et dit :