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l’étrange khalifat
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s’était promené sur le fleuve. Il regarda donc Giafar et l’interrogea des yeux sur la signification de ce procédé. Mais Giafar, aussi étonné que le khalifat, se tourna vers le vieux batelier et lui dit : « Ô cheikh, voici pour toi deux dinars. Seulement, hâte-toi de nous faire descendre dans ta barque et de nous cacher dans un de ces abris voûtés qui sont sur l’eau, simplement pour que nous puissions, sans être aperçus et appréhendés, voir le passage du khalifat et de sa suite. » Le batelier, tout hésitant, finit par accepter l’offre, et, les ayant fait descendre tous les trois dans sa barque, les conduisit sous un abri voûté, et étendit sur eux une couverture noire pour qu’ils fussent encore moins remarqués.

À peine étaient-ils dans cette position, qu’ils virent s’approcher le bateau éclairé par la lueur des torches et des flambeaux qu’alimentaient, avec du bois d’aloès, de jeunes enclaves vêtus de satin rouge, les épaules couvertes de manteaux jaunes et la tête enveloppée de mousseline blanche. Les uns se tenaient à la proue et les autres à la poupe, et ils élevaient leurs torches et leurs flambeaux en criant, de temps en temps, la défense en question. Ils virent aussi deux cents mamalik debout, rangés sur les deux bords du bateau, et entourant une estrade située au centre où, sur un trône d’or, était assis un jeune homme habillé d’une robe en drap noir, que rehaussaient des broderies d’or ; et à sa droite se tenait un homme qui ressemblait étonnamment au vizir Giafar, et à sa gauche se tenait un autre homme, l’épée nue à la main, qui ressemblait exactement à Massrour, tandis qu’au bas de l’estrade étaient assis en bon