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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/258

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les mille nuits et une nuit

ordre vingt chanteuses et joueurs d’instruments. À cette vue, Al-Rachid s’écria : « Giafar ! » Le vizir répondit : « À tes ordres, ô émir des Croyants ! » Il dit : « Ce doit être sûrement un de nos fils, ou bien Al-Mâmoun, ou bien Al-Amîn ! Et les deux qui sont debout à ses côtés ressemblent l’un à toi et l’autre à mon porte-glaive Massrour. Et tous ceux qui sont assis au bas de l’estrade ressemblent étrangement à mes chanteurs habituels et à mes joueurs d’instruments. Que penses-tu de tout cela ? Moi je sens mon esprit dans une bien grande perplexité ! » Giafar répondit : « Moi aussi, par Allah ! ô émir des Croyants ! »

Mais déjà le bateau illuminé s’était éloigné de leurs yeux, et le vieux batelier, délivré de ses angoisses, s’écria : « Enfin ! la sécurité est sur nous. Personne ne nous a vus ! » Et il sortit de l’abri et ramena ses trois passagers sur le rivage : Lorsqu’ils eurent débarqué, le khalifat se tourna vers lui et lui demanda : « Ô cheikh, tu dis que le khalifat vient de la sorte se promener toutes les nuits dans le bateau ainsi illuminé ? » Il répondit : « Oui, seigneur, et cela depuis déjà une année ! » Il dit : « Ô cheikh, nous sommes des étrangers en voyage qui aimons à nous réjouir de tous les spectacles et à nous promener partout où il y a à voir de belles choses ! Veux-tu donc prendre ces dix dinars et nous attendre ici même, demain, à cette heure ? » Il répondit : « J’aime et j’honore ! » Alors le khalifat et ses deux compagnons prirent congé de lui et s’en retournèrent au palais en s’entretenant de ce spectacle étrange.

Le lendemain, le khalifat, après avoir tenu toute la