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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/265

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l’étrange khalifat
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sourit et dit : « Soit ! je veux bien vous révéler, puisque vous êtes des étrangers, la cause de tout cela ! Et d’ailleurs, mon histoire est si prodigieuse et si pleine de merveilleux que, si elle était écrite avec les aiguilles sur le coin intérieur de l’œil, elle servirait de leçon à qui la considérerait avec attention ! » Puis il dit :


« Sachez, mes seigneurs, que je ne suis point l’émir des Croyants, mais je suis simplement le fils du syndic des bijoutiers de Baghdad. Je m’appelle Môhammad-Ali. Mon père, en mourant, me laissa en héritage beaucoup d’or, d’argent, de perles, de rubis, d’émeraudes, de bijoux et de pièces d’orfèvrerie ; il me laissa, en outre, des propriétés bâties, des terrains, des vergers, des jardins, des boutiques et des magasins de réserve ; et il me laissa le maître de ce palais avec tout ce qu’il contient en esclaves hommes et femmes, en gardes et en serviteurs, en jeunes garçons et jeunes filles.

Or, un jour, comme j’étais assis dans ma boutique au milieu de mes esclaves empressés à exécuter mes ordres, je vis s’arrêter à la porte, et descendre d’une mule richement harnachée, une adolescente accompagnée de trois autres adolescentes, toutes les trois comme des lunes. Elle entra dans ma boutique et s’assit, tandis que je me levais en son honneur ; puis elle me demanda : « Tu es bien, n’est-ce pas, Môhammad-Ali, le joaillier ! » Je répondis : « Mais oui, ô ma maîtresse, et je suis ton esclave prêt à