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les mille nuits et une nuit

t’obéir ! » Elle me dit : « Aurais-tu quelque bijou vraiment beau, qui pût me plaire ? » Je lui dis : « Ô ma maîtresse, je vais apporter tout ce que j’ai de plus beau dans ma boutique et le mettre entre tes mains. Si quelque chose, dans le nombre, peut arriver à te convenir, nul ne se considérera plus heureux que ton esclave ; et si rien ne peut arrêter tes regards, je déplorerai ma mauvaise chance pendant toute ma vie ! »

Or, moi j’avais justement dans ma boutique cent colliers précieux, merveilleusement ouvragés, que je me hâtai de faire apporter et d’exposer devant elle. Elle les mania et les regarda longuement l’un après l’autre, avec plus de connaissance que je n’en aurais eu moi-même à sa place, puis me dit : « Je veux mieux que cela ! » Je pensai alors à un tout petit collier qu’avait acheté autrefois mon père pour cent mille dinars, et que je tenais, serré tout seul dans un coffret précieux, à l’abri de tous les regards. Je me levai alors et lentement j’apportai le coffret en question avec mille précautions, et je l’ouvris avec cérémonie devant l’adolescente, en lui disant : « Je ne crois pas qu’il y ait l’égal de cela chez les rois ou chez les sultans, chez les petits ou chez les grands ! »

Lorsque l’adolescente eut jeté un rapide coup d’œil sur le collier, elle poussa un cri de joie et s’écria : « Voilà ce que j’ai vainement souhaité toute ma vie ! » Puis elle me dit : « À combien ? » Je répondis : « Son prix de revient, à mon défunt père, a été exactement de cent mille dinars. S’il te plaît, ô ma maîtresse, je serai à la limite du bonheur de te l’offrir pour rien ! » Elle me regarda, sourit légèrement et