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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/268

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les mille nuits et une nuit

banc du vestibule pour y attendre l’arrivée du changeur qui devait me payer les cent mille dinars avec leurs intérêts.

Pendant que j’étais assis sur ce banc du vestibule, je vis arriver une jeune servante qui me dit : « Ô mon maître, prends la peine d’entrer dans l’antichambre de la maison, car le stationnement à la porte n’est pas fait pour les gens de ta qualité ! » Je me levai alors et pénétrai dans l’antichambre où je m’assis sur un escabeau tendu de velours vert, et restai ainsi à attendre un certain temps. Alors je vis entrer une seconde servante qui me dit : « Ô mon maître, ma maîtresse te prie d’entrer dans la salle de réception où elle désire que tu te reposes en attendant l’arrivée du changeur ! » Je ne manquai pas d’obéir, et suivis la jeune fille dans la salle de réception. J’y étais à peine arrivé qu’un grand rideau au fond fut soulevé, et quatre jeunes esclaves s’avancèrent portant un trône d’or où était assise l’adolescente, avec un visage beau comme un rond de lune, et le collier au cou.

À sa vue, le visage ainsi sans voile et complètement à découvert, je sentis ma raison s’affoler, et se précipiter les battements de mon cœur. Mais elle fit signe à ses esclaves de se retirer, s’avança vers moi et me dit : « Ô lumière de mon œil, est-ce que tout être beau doit, ainsi que tu le fais, agir si durement envers celle qui l’aime ? » Je répondis : « La beauté tout entière est en toi, et ses restes, s’il y en a, sont distribués aux autres humains ! » Elle me dit : « Ô joaillier Môhammad-Ali, sache que je t’aime, et que je n’ai usé de ce moyen que pour te décider à venir