Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
270
les mille nuits et une nuit

utiles ! » Le jeune homme, bien ému, dit : « Je ne puis parler, ô émir des Croyants, avant que tu ne m’aies donné le mouchoir de la sécurité ! » Le khalifat aussitôt lui jeta son mouchoir, en signe de sécurité, et le jeune homme répéta son récit, sans omettre un détail. Lorsqu’il eut fini, Al-Rachid lui dit : « Et maintenant aimerais-tu voir ton épouse revenir auprès de toi, malgré ses torts à ton égard ? » Il répondit : « Tout ce qui me viendrait de la main du khalifat serait le bienvenu ; car les doigts de notre maître sont les clefs des bienfaits, et ses actions ne sont pas des actions mais des colliers précieux, ornements des cous ? » Alors le khalifat dit à Giafar : « À moi ta sœur, ô Giafar, la fille de l’émir Yahia ! » Et Giafar fit aussitôt venir sa sœur ; et le khalifat lui demanda : « Dis-moi, ô fille de notre fidèle Yahia ! reconnais-tu ce jeune homme ? » Elle répondit : « Ô émir des Croyants, depuis quand les femmes ont-elles appris à connaître les hommes ? » Il sourît et dit : « Eh bien ! je vais te dire son nom. Il s’appelle Môhammad-Ali, fils du défunt syndic des bijoutiers. Tout ce qui est passé est passé, et dans le présent je désire te donner à lui comme épouse ! » Elle répondit : « Le don de notre maître est sur nos têtes et dans nos yeux ! »

Le khalifat fit aussitôt venir le kâdi et les témoins, et fit écrire légalement le contrat de mariage, qui unit cette fois les deux jeunes gens d’une façon durable, pour leur bonheur qui fut parfait. Et il voulut retenir auprès de lui Môhammad-Ali pour qu’il devînt l’un de ses intimes jusqu’à la fin de ses jours. Et voilà comment Al-Rachid savait consacrer ses