Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
l’étrange khalifat
269

rissaient à l’égard l’une de l’autre ! Et c’est moi seul, l’ignorant de tout cela, qui ai subi les conséquences de cette dispute de femmes ! Or, telle est ma triste histoire, ô mes maîtres ! Et je n’ai plus qu’à vous remercier d’avoir bien voulu vous joindre à nous pour passer cette nuit amicalement ! »


Lorsque le khalifat Haroun Al-Rachid eut entendu cette histoire, il s’écria : « Louanges à Allah qui a fait que chaque effet ait sa cause ! » Puis il se leva et demanda au jeune homme la permission de se retirer avec ses compagnons. Le jeune homme le lui permit ; et il sortit de là pour se rendre au palais, en songeant au moyen de réparer l’injustice commise par les deux femmes à l’égard du jeune homme. Et, de son côté, Giafar se désolait fort que sa sœur fût la cause d’une pareille aventure, maintenant destinée à être connue de tout le palais.

Le lendemain, le khalifat, revêtu des insignes de son autorité, au milieu de ses émirs et de ses chambellans, dit à Giafar ; « À moi le jeune homme qui nous a donné l’hospitalité hier dans la nuit ! » Et Giafar sortit immédiatement, pour revenir bientôt avec le jeune homme qui embrassa la terre entre les mains du khalifat et, après les salams, lui fit en vers un compliment. Al-Rachid, charmé, le fit s’approcher, et s’asseoir à côté de lui et lui dit : « Ô Môhammad-Ali, je te fais venir pour entendre de ta bouche l’histoire que tu as racontée hier aux trois marchands. Elle est prodigieuse et pleine de leçons