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les mille nuits et une nuit

lisses qu’on les eût dites sorties toutes neuves du moule où elles avaient été coulées. Leur hauteur était telle qu’elles semblaient former le premier plan des monts gigantesques qui les entouraient et dans les flancs desquels elles semblaient s’incruster, taillées à même quelque métal originel.

Lorsqu’ils purent sortir de la surprise immobile où les avait cloués ce spectacle, ils cherchèrent des yeux une porte par où entrer dans la Ville. Mais ils n’en trouvèrent point. Alors ils se mirent à marcher, en longeant les murailles, espérant toujours trouver l’entrée. Mais ils ne virent point d’entrée. Et ils continuèrent à marcher encore des heures sans voir ni porte ni brèche quelconque, ni personne qui se dirigeât vers la Ville ou en sortît. Et malgré l’heure déjà avancée du jour, ils n’entendaient aucun bruit pas plus au dedans qu’au dehors des murs, et ils ne remarquaient aucun mouvement pas plus sur les sommets des murs qu’à leur pied. Mais l’émir Moussa, sans perdre espoir, encouragea ses compagnons à marcher encore ; et ils marchèrent ainsi jusqu’au soir, et toujours ils voyaient se déployer devant eux la ligne inflexible des murailles d’airain, qui suivaient les mouvements du sol, les vallées et les côtes et semblaient surgir du sein même de la terre.

Alors l’émir Moussa ordonna à ses compagnons de s’arrêter pour le repos et la nourriture. Et lui-même s’assit quelque temps pour réfléchir à la situation. Lorsqu’il se fut reposé, il dit à ses compagnons de rester là à veiller sur le campement jusqu’à son retour et, suivi du cheikh Abdossamad et de Taleb ben-Sehl, il fit avec eux l’ascension d’une haute mon-