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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/34

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les mille nuits et une nuit

du ciel réfléchi : ce qui faisait que l’airain des murailles, les pierreries allumées des dômes, les terrasses candides, les canaux et toute la mer, ainsi que les ombres projetées vers l’occident, se mariaient sous la brise nocturne et la lune magique.

Cependant cette vastitude était ensevelie dans le silence universel comme dans un tombeau. Nulle vie humaine ne se laissait soupçonner là-dedans. Mais de hautes figures d’airain, chacune sur quelque socle monumental, mais de grands cavaliers taillés dans le marbre, mais des animaux ailés au vol sans vertu, se profilaient dans un même geste figé ; et dans le ciel, à ras des édifices, tournoyaient, seuls êtres mobiles sur cette immobilité, d’immenses vampires par milliers, tandis que, trouant le silence étale, d’invisibles hiboux jetaient leurs lamentations et leurs appels funèbres sur les palais morts et les terrasses endormies.

Lorsque l’émir Moussa et ses deux compagnons eurent rempli leurs yeux de ce spectacle étrange, ils descendirent de la montagne en s’étonnant à l’extrême de n’avoir pas aperçu, dans cette ville immense, trace de quelque être humain vivant. Et ils arrivèrent au pied des murs d’airain, dans un endroit où ils virent quatre inscriptions gravées en caractères ioniens, et que le cheikh Abdossamad déchiffra aussitôt et traduisit à l’émir Moussa.

La première inscription disait :

Ô fils des hommes ! que tes calculs sont vains ! La mort est proche. Ne compte pas sur l’avenir. Il est un Maître de l’Univers qui disperse les nations et les ar-