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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/36

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les mille nuits et une nuit

de Sina et de Nubie ? Renversés dans le néant ! » Or la quatrième inscription disait :

Ô fils des hommes ! Tu noies ton âme dans les plaisirs, et tu ne vois pas sur tes épaules la mort cramponnée qui suit tes mouvements ! Le monde est comme la toile de l’araignée, et derrière cette fragilité te guette le néant ! Où sont les hommes aux vastes espérances et leurs projets éphémères ? Ils ont échangé contre la tombe les palais où maintenant habitent les hiboux !

L’émir Moussa ne put alors contenir son émotion et se mit à pleurer longtemps, les tempes dans les mains, et il se disait : « Ô mystère de la naissance et de la mort ! Pourquoi naître s’il faut mourir ? Pourquoi vivre si la mort donne l’oubli de la vie ? Mais Allah seul connaît les destinées, et notre devoir est de nous incliner dans l’obéissance muette ! » Ces réflexions faites, il reprit avec ses compagnons la route du campement, et ordonna à ses hommes de se mettre sur-le-champ à l’ouvrage pour construire, avec du bois et des branchages, une échelle longue et solide qui leur permît d’atteindre le haut des murs, pour de là essayer de descendre dans cette ville sans portes.

Aussitôt les hommes se mirent à la recherche de bois et de grosses branches sèches, les rabotèrent le mieux qu’ils purent avec leurs sabres et leurs couteaux, les lièrent entre elles avec leurs turbans, leurs ceintures, les cordes des chameaux, les sangles et les cuirs des harnachements, et réussirent à cons-