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les mille nuits et une nuit

pêchées aujourd’hui même et qui sont plus belles que toutes les filles des hommes ! »

Et, ayant dit ces paroles, le vieillard remit à l’émir Moussa douze vases de cuivre, scellés de plomb au sceau de Soleïmân, et les deux Filles de la Mer qui étaient deux merveilleuses créatures aux longs cheveux ondulés comme les vagues, à la figure de lune, et aux seins admirables et arrondis et durs comme les galets marins ; mais elles manquaient à partir du nombril des somptuosités charnues qui d’ordinaire sont l’apanage des filles des hommes, et les remplaçaient par un corps de poisson qui se mouvait de droite et de gauche avec les mêmes mouvements que font les femmes quand elles voient qu’on fait attention à leur démarche. Leur voix était fort belle et leur sourire charmant, mais, elles aussi, ne comprenaient et ne parlaient aucun des langages connus, et se contentaient seulement, à toutes les questions qu’on leur adressait, de répondre par le sourire de leurs yeux.

L’émir Moussa et ses compagnons ne manquèrent pas de remercier le vieillard pour sa généreuse bonté et l’invitèrent, lui et tous les pêcheurs qui étaient avec lui, à quitter ce pays et à les accompagner au pays des musulmans, à Damas la ville des fleurs, des fruits et des eaux douces. Le vieillard et les pêcheurs acceptèrent l’offre et tous ensemble revinrent d’abord à la Ville d’Airain où ils prient tout ce qu’ils purent emporter en choses précieuses, en joyaux, en or, et tout ce qui était léger de poids et lourd de prix. Ils redescendirent, ainsi chargés, des murailles d’airain, remplirent leurs sacs et leurs