Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire d’ibn al-mansour
53

dans ma maison, ô cheikh Ibn Al-Mansour, et puisses-tu trouver ici l’hospitalité large et amicale ! » Et elle m’invita à l’accompagner et à entrer m’asseoir dans la salle de réception.

Alors tous trois nous entrâmes dans la salle de réception, au fond du jardin, et lorsque nous fûmes assis, et, après les rafraîchissements d’usage, qui furent exquis, Sett Badr me dit : « Puisque tu veux, ô cheikh Ibn Al-Mansour, savoir la cause d’une peine que tu as devinée sur mes traits, promets-moi le secret et la fidélité ! » Je répondis : « Ô ma maîtresse, le secret est dans mon cœur comme dans un coffret d’acier dont la clef est introuvable ! » Elle me dit alors : « Écoute donc mon histoire, ô cheikh ! » Et, après que la jeune esclave, si gentille, m’eut encore offert une cuillerée de confiture de roses, Sett Badr dit :

« Sache, ô Ibn Al-Mansour, que je suis amoureuse et que mon amoureux est loin de moi ! Voilà toute mon histoire ! »

Et Sett Badr, après ces paroles, poussa un grand soupir et se tut. Et moi je lui dis : « Ô ma maîtresse, tu es douée de la beauté parfaite, et celui que tu aimes doit être parfaitement beau ! Comment s’appelle-t-il ? » Elle me dit : « Oui, Ibn Al-Mansour, mon amoureux est, comme tu l’as dit, parfaitement beau. C’est l’émir Jobaïr, chef de la tribu des Bani-Schaïbân. Il est sans aucun doute l’adolescent le plus admirable de Bassra et de l’Irak ! » Je dis : « Ô ma maîtresse, il ne peut en être autrement. Mais votre mutuel amour a-t-il été en paroles seulement, ou bien vous en êtes-vous donné des preuves intimes par diverses rencontres prolongées ou riches de conséquences ? » Elle