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HISTOIRE DE WARDÂN LE BOUCHER AVEC LA FILLE DU VIZIR

On raconte, entre divers contes, qu’il y avait au Caire un homme appelé Wardân qui était, de sa profession, boucher pour la viande de mouton. Tous les jours il voyait venir à sa boutique une adolescente splendide de corps et de visage, mais les yeux bien fatigués et aussi les traits bien fatigués et le teint fort pâle. Elle arrivait toujours suivie d’un portefaix chargé de sa hotte, choisissait le morceau le plus tendre de la viande et aussi les œufs du mouton, payait le tout d’une pièce d’or pesant deux dinars ou plus, mettait son achat dans la hotte du portefaix, et continuait sa tournée au souk en s’arrêtant à toutes les boutiques et en achetant quelque chose à tous les marchands. Et elle continua à agir de la sorte un long espace de temps, jusqu’à ce qu’un jour le boucher Wardân, intrigué à la limite de l’intrigue de l’air et du silence et des manières de sa jeune cliente, résolut d’éclaircir la chose, pour se débarrasser des pensées qui le travaillaient à son sujet.

Or, il trouva justement l’occasion qu’il cherchait