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les mille nuits et une nuit

devint depuis lors si altéré qu’il fallait que le nègre l’arrosât toutes les heures sans discontinuer.

« Au bout d’un certain temps, le nègre mourut à la tâche, et moi je contai ma peine à une vieille femme du palais qui m’avait connue dès l’enfance. La vieille hocha la tête et me dit : « La seule chose qui désormais peut remplacer un nègre auprès de toi, ma fille, c’est le singe. Car rien n’est plus fécond en assauts que le singe. »

« Moi je me laissai persuader par la vieille, et un jour, voyant passer sous les fenêtres du palais un montreur de singes qui faisait exécuter des cabrioles à ses animaux, je me découvris soudain le visage devant le plus gros d’entre eux qui me regardait. Aussitôt il cassa sa chaîne et, sans que son maître pût l’arrêter, il s’enfuit à travers les rues, fit un grand détour et, par les jardins, revint dans le palais et courut droit à ma chambre où il me prit aussitôt dans ses bras et fit ce qu’il fit dix fois de suite, sans discontinuer.

« Or, mon père finit par apprendre mes relations avec le singe et faillit me tuer ce jour-là. Alors moi, ne pouvant me passer désormais de mon singe, je me fis creuser en secret ce souterrain où je l’enfermai. Et je lui portai moi-même à manger et à boire jusqu’aujourd’hui où la fatalité te fit découvrir ma cachette et te poussa à le tuer ! Hélas ! que vais-je maintenant devenir ? »

Alors moi j’essayai de la consoler, et lui dis, pour la calmer : « Sois sûre, ô ma maîtresse, que je puis avantageusement remplacer le singe auprès de toi. À l’essai tu contrôleras, car je suis réputé comme