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histoire de wardân le boucher
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monteur ! » Et, de fait, je lui montrai, ce jour-là et les suivants, que ma vaillance dépassait celle du défunt singe et du défunt nègre.

Cela pourtant ne put aller longtemps de cette façon-là ; car, au bout de quelques semaines, j’étais perdu là-dedans comme dans un abîme sans bord. Et l’adolescente voyait au contraire augmenter de jour en jour ses désirs et s’attiser son feu du dedans.

Dans cette fâcheuse situation, j’eus recours à la science d’une vieille femme que je connaissais comme incomparable dans l’art de préparer les philtres et de confectionner les remèdes aux maladies les plus indéracinables. Je lui racontai l’histoire depuis le commencement jusqu’à la fin et lui dis : « Maintenant, ma bonne tante, je viens te demander de me faire une préparation capable d’éteindre les désirs de cette femme et de calmer son tempérament ! » Elle me répondit : « Rien n’est plus facile ! » Je dis : « Je me fie entièrement à ta science et à ta sagesse ! »

Alors elle prit une marmite dans laquelle elle mit une once de grains de lupin d’Égypte, une once de vinaigre vierge, deux onces de houblon et quelques feuilles de digitale. Elle fit bouillir le tout pendant deux heures de temps, décanta soigneusement le liquide et me dit : « Le remède est prêt. » Alors je la priai de m’accompagner au souterrain ; et là elle me dit : « Il faut d’abord la monter jusqu’à ce qu’elle tombe épuisée ! » Et elle se retira dans le corridor pour attendre l’exécution de son ordre.

Moi je fis ce qu’elle me commandait, et si bien que l’adolescente perdit connaissance. Alors la vieille entra dans la salle, et, après avoir réchauffé le