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histoire magique du cheval d’ébène
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passer par ici ou traverser le jardin ? Dites-moi la vérité ou je fais sauter vos têtes à l’instant ! » Les gardiens furent terrifiés par ses menaces, et répondirent d’une seule voix : « Par Allah ! nous n’avons vu personne entrer dans le jardin, si ce n’est le savant persan, qui est venu ici pour cueillir des herbes curatives et que nous n’avons pas encore vu ressortir ! » À ces paroles, le prince acquit la certitude que c’était le Persan qui avait enlevé la jeune fille, et il en fut à la limite de la consternation et de la perplexité ; et, bien ému et déconcerté, il alla au devant du cortège et, se tournant vers son père, lui raconta ce qui était arrivé et lui dit : « Prends tes troupes et retourne avec elles à ton palais ; quant à moi je n’y retournerai plus avant que je n’aie éclairci cette affaire noire ! » En entendant ces paroles et en voyant cette résolution de son fils, le roi se mit à pleurer, à se lamenter et à se frapper la poitrine, et lui dit : « Ô mon fils, de grâce ! calme ta colère, maîtrise ton chagrin et reviens avec nous à la maison. Et alors tu verras quelle fille de roi ou de sultan tu désires avoir, et moi je te la donnerai en mariage ! » Mais Kamaralakmar ne voulut point prêter la moindre attention aux paroles de son père ni écouter ses prières, lui dit quelques mots d’adieu et s’en alla sur son cheval, tandis que le roi, à la limite du désespoir, s’en retournait à la ville au milieu des pleurs et des gémissements. Et leur joie fut ainsi changée en tristesse, en alarmes et en tourments. Et voilà pour tous ceux-là !

Mais pour ce qui est du magicien et de la princesse, voici !