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les mille nuits et une nuit

Comme le destin l’avait décrété d’avance, le magicien persan était venu ce jour-là au jardin pour cueillir en effet des herbes curatives et des simples et des plantes aromatiques, et il sentit une odeur délicieuse de musc et autres parfums admirables ; aussi, mettant son nez au vent, il se dirigea du côté d’où s’en venait vers lui cette odeur extraordinaire. Or justement c’était l’odeur de la princesse qui se dégageait de la sorte et embaumait tout le jardin. Aussi le magicien, guidé par son odorat perspicace, ne tarda pas à arriver, après quelques tâtonnements, au pavillon même où se trouvait la princesse. Et quelle ne fut point sa joie de voir, dès le seuil, debout sur ses quatre pieds, le cheval magique, l’œuvre de ses mains ! Et quels ne furent point les frémissements de son cœur à la vue de cet objet dont la perte lui avait enlevé le goût du manger et du boire et le repos du sommeil ! Il se mit donc à l’examiner de tous côtés et le trouva intact et en bon état. Puis, comme il allait sauter dessus et lui donner son vol, il se dit en lui-même : « Il est d’abord nécessaire que je voie ce que le prince a bien pu apporter et laisser ici avec le cheval ! », et il pénétra dans le pavillon. Alors il vit, nonchalamment étendue sur le divan, la princesse qu’il prit d’abord pour le soleil à son lever dans un ciel tranquille. Et il ne douta pas un instant qu’il n’eût là devant les yeux quelque dame d’illustre naissance, et que le prince ne l’eût amenée sur le cheval et laissée dans ce pavillon, en attendant qu’il fût allé lui-même à la ville lui préparer un splendide cortège. Aussi il s’avança de son côté, se prosterna devant elle et embrassa la terre entre ses mains,