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les mille nuits et une nuit

nade. Or donc le Hagg-Môhammad, en entendant le cliquetis des sequins et des grelots, leva la tête et aperçut le joli garçon et la belle jouvencelle. Et il ressentit ce qu’il ressentit ! Mais déjà Dalila s’était approchée de lui et, après les salams, lui avait dit en s’asseyant : « Tu es bien le Hagg-Môhammad, le teinturier ? » Il répondit : « Oui ! je suis le Hagg-Môhammad ! Que désires-tu ? » Elle répondit : « Moi, des gens de bien m’ont parlé de toi ! Regarde cette jouvencelle charmante, qui est ma fille, et ce gracieux jouvenceau imberbe, qui est mon fils ! Je les ai élevés tous deux, et leur éducation m’a coûté bien des dépenses ! Or sache maintenant que notre maison d’habitation est un vaste et vieil édifice en ruines que j’ai été obligée dernièrement de faire consolider avec des solives de bois et de gros étais ; mais le maître architecte m’a dit : « Tu ferais bien d’aller habiter une autre maison que celle-là ; car elle risque fort de s’écrouler sur toi ! Et lorsque tu l’auras fait reconstruire, tu pourras revenir l’habiter ; mais pas avant ! » Alors moi je suis sortie à la recherche de quelque autre maison où habiter momentanément avec ces deux enfants ; et des gens de bien m’ont adressée à toi. Je désirerais donc me loger chez toi avec ces deux enfants que voici ! Et toi ne doute point de ma générosité ! »

En entendant ces paroles de la vieille, le teinturier sentit son cœur danser au milieu de ses entrailles, et il se dit en lui-même : « Ya Hagg-Môhammad, voici que vient s’offrir à tes dents un bloc de beurre sur un gâteau ! » Puis il dit à Dalila : « Il est vrai que j’ai une maison avec une grande pièce à l’étage supé-