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histoire de dalila-la-rouée…
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quant à ce qui concerne les deux premiers C. Mais pour ce qui est du troisième C, je t’avoue que je ne serai tranquille à son sujet que lorsque je l’aurai vu et contrôlé avec mes yeux ; car ma mère, avant de mourir, m’a bien recommandé la chose et m’a dit : « Que j’aurais souhaité te marier, mon fils, avec une jeune fille dont je me serais assurée par mes propres yeux ! » Et moi je lui ai juré que je ne manquerais pas de le faire à sa place ! Et elle est morte tranquille ! » Alors la vieille répondit : « Dans ce cas lève-toi sur tes deux pieds et suis-moi ! Et je me charge de te la montrer toute nue. Seulement prends bien soin de marcher loin derrière elle, mais sans la perdre de vue. Et moi je marcherai en tête pour montrer le chemin ! »

Alors le jeune marchand se leva et prit avec lui une bourse contenant mille dinars, en se disant : « On ne sait ce qui peut arriver ; et je pourrai de la sorte déposer, séance tenante, les frais requis pour le contrat ! » Et il suivit de loin la vieille putain qui ouvrait la marche, et qui se disait en elle-même : « Comment vas-tu faire maintenant, ô Dalila pleine de sagacité, pour dépouiller ce jeune veau ? »

Comme elle marchait de la sorte, suivie par l’adolescente qui était elle-même suivie par le joli marchand, elle arriva devant la boutique d’un teinturier, un nommé Hagg-Môhammad, un homme réputé dans tout le souk pour ses goûts dédoublés. En effet il était semblable au couteau du vendeur de colocases, qui perfore en même temps les parties mâles et femelles du tubercule ; et il aimait au même degré le goût tendre de la figue et le goût acide de la gre-