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les mille nuits et une nuit

mantelet de brocart. Et elle apprit des curieux et des invités qui entraient et sortaient que cette maison appartenait au syndic des marchands de Baghdad, et que cet enfant était son enfant. Et elle apprit également que le syndic avait aussi une fille, vierge et pubère, dont on célébrait précisément ce jour-là les fiançailles ; et que tel était le motif de ce déploiement de décorations et d’ornements. Et comme la mère de l’enfant était fort occupée à recevoir les dames ses invitées, et à leur faire les honneurs de sa maison, elle avait confié l’enfant, qui la dérangeait et s’attachait chaque fois à ses robes, à cette jeune esclave avec charge de le distraire et de le faire jouer en attendant que les invitées fussent parties.

Or, lorsque la vieille Dalila eut aperçu cet enfant à califourchon sur l’épaule de l’esclave, et qu’elle se fut renseignée de la sorte sur ses parents et la cérémonie qui avait lieu, elle se dit en elle-même : « Ô Dalila, le tour à faire pour le moment c’est de subtiliser cet enfant en l’enlevant à cette esclave ! » Et elle s’avança, en s’exclamant : « Quelle honte sur moi d’être si en retard avec la digne épouse du syndic ! » Puis elle dit à la jeune esclave, qui était une niaise, en lui mettant dans la main une pièce de fausse monnaie : « Voici un dinar pour ta peine ! Monte, ma fille, auprès de ta maîtresse et dis-lui : « Ta vieille nourrice Omm Al-Khayr se réjouit beaucoup pour toi, en raison de toute la gratitude qu’elle te doit pour tes bontés ! Aussi, au jour de la grande réunion, elle viendra te voir avec ses filles, et ne manquera pas de mettre de généreuses offrandes de noces, selon la coutume, dans les mains des dames