Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/169

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histoire de dalila-la-rouée…
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d’atours ! » L’esclave répondit : « Ma bonne mère, je ferais volontiers ta commission ; mais mon jeune maître, cet enfant-ci, chaque fois qu’il voit sa mère ? s’accroche à elle et s’attache à ses vêtements ! » Elle répondit : « Alors confie-le-moi, le temps pour toi d’aller et de revenir ! » Et l’esclave prit la fausse pièce, et remit l’enfant à la vieille, pour monter aussitôt faire sa commission.

Quant à Dalila, elle se hâta de déguerpir avec l’enfant et d’aller à une ruelle obscure où elle le dépouilla de toutes les choses précieuses qu’il portait sur lui, et se dit en elle-même : « Maintenant, ô Dalila, ça n’est pas tout ça ! Si tu es vraiment une fine entre les fines, il s’agit de tirer de ce marmot tout le parti possible en l’engageant, par exemple, pour quelque somme imposante ! » À cette pensée, elle bondit sur ses deux pieds, et alla au souk des bijoutiers où elle vit dans une boutique un Juif, grand joaillier, qui était assis derrière sa boîte de devanture ; et elle entra dans la boutique du Juif, en se disant : « Voilà mon affaire toute trouvée ! » Lorsque le Juif de ses propres yeux la vit entrer, il regarda l’enfant qu’elle portait et reconnut le fils du syndic des marchands. Or ce Juif, bien que fort riche, ne manquait jamais d’être jaloux de ses voisins quand ils faisaient une vente alors que lui, par hasard, n’en faisait pas une autre au même moment. Aussi, fort réjoui de l’entrée de la vieille, il lui demanda : « Que désires-tu, ô ma maîtresse ? » Elle répondit : « C’est bien toi, maître Izra le Juif ? » Il répondit : « Naâm ! » Elle lui dit : « La sœur de cet enfant, la fille du schahbandar des marchands, est