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les mille nuits et une nuit

qui a tenu à me le laisser, après m’avoir pris pour mille dinars de bijoux pour ta fille ! » Le syndic, de plus en plus, indigné, s’écria : « Eh ! maudit, crois-tu donc que ma fille manque de bijoux pour recourir à toi ? Hâte-toi de me rendre les habits et les ornements dont tu as dépouillé mon fils ! » À ces paroles, le Juif s’écria, terrifié : « À mon secours, ô musulmans ! » Et juste à ce moment apparurent, venant de différentes directions, les trois dupes premières : l’ânier, le jeune marchand et le teinturier. Et ils s’informèrent de l’affaire, et, ayant appris de quoi il s’agissait, ils ne doutèrent pas un instant que ce fût là un nouvel exploit de la vieille calamiteuse, et ils s’écrièrent : « Nous connaissons la vieille ! C’est une escroqueuse qui nous a déjà dupés avant vous ! » Et ils racontèrent leur histoire aux assistants qui en furent stupéfaits et au syndic, qui, faute de mieux, s’écria : « C’est encore une chance que j’aie retrouvé mon enfant ! Je ne veux plus me préoccuper de ses habits perdus, puisqu’ils deviennent sa rançon ! Seulement je saurai bien les réclamer un jour à la vieille ! » Et il ne voulut pas s’attarder davantage hors de sa maison, et courut faire partager à son épouse la joie d’avoir retrouvé leur enfant.

Quant au Juif, il demanda aux trois : « Où pensez-vous aller maintenant ? » Ils répondirent : « Nous allons continuer nos recherches ! » Il dit : « Emmenez-moi avec vous autres ! » Puis il demanda : « Y a-t-il parmi vous quelqu’un qui l’ait connue avant son exploit ? » L’ânier répondit : « Moi ! » Le Juif dit : « Alors il vaut mieux que nous ne marchions pas ensemble, et que nos recherches soient faites sé-