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histoire de dalila-la-rouée…
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ves, c’est qu’alors vous êtes des escrocs et des larrons ! Et c’est vous qui avez conduit cette vieille à mon palais et avez combiné avec elle cette escroquerie ! Or, par Allah ! moi, à mon tour, je vais vous revendre à des étrangers pour cent dinars chacun ! »

Sur ces entrefaites entra dans la cour du palais le capitaine Fléau-des-Rues, qui venait se plaindre au wali de la mésaventure subie par son épouse, la jouvencelle. En effet, à son retour de voyage, il avait vu son épouse, au lit, malade de honte et d’émotion, et avait appris d’elle tout ce qui lui était arrivé, et elle avait ajouté : « Tout cela ne m’est arrivé qu’à cause de tes paroles désobligeantes, qui m’ont décidée à recourir à l’entremise du cheikh Multiplicateur ! »

Aussi dès que le capitaine Fléau eut aperçu le wali, il lui cria : « Est-ce toi qui permets ainsi aux vieilles entremetteuses de pénétrer dans les harems et d’escroquer les épouses des émirs ? Est-ce là tout ton métier ? Or, par Allah ! moi je te rends responsable de l’escroquerie commise à mon égard et des dommages causés à mon épouse ! » À ces paroles du capitaine Fléau-des-Rues, les cinq s’écrièrent : « Ô émir, ô vaillant capitaine Fléau, nous remettons aussi notre cause entre tes mains ! » Et il leur demanda : « Qu’avez-vous, vous autres aussi, à réclamer ? » Alors ils lui racontèrent toute leur histoire, qu’il est inutile de répéter. Et le capitaine Fléau leur dit : « Certes ! vous aussi vous avez été dupés ! Et maintenant le wali se trompe fort s’il croit pouvoir nous incarcérer ! »

Lorsque le wali eut entendu toutes ces paroles, il dit au capitaine Fléau : « Ô émir, je prends à ma charge