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les mille nuits et une nuit

le paiement des indemnités qui te sont dues et la restitution des effets de ton épouse ; et je me porte garant de la vieille escroqueuse ! » Puis il se tourna vers les cinq et leur demanda : « Qui de vous saura reconnaître la vieille ? » L’ânier répondit, accompagné par les autres en chœur : « Nous tous nous saurons la reconnaître ! » Et l’ânier ajouta : « Moi, je la reconnaîtrais entre mille putains à ses yeux bleus et étincelants ! Seulement donne-nous dix de tes gardes pour nous aidera nous en emparer ! » Et le wali, leur ayant donné les gardes demandés, ils sortirent du palais.

Or à peine avaient-ils fait quelques pas dans la rue, l’ânier en tête, qu’ils tombèrent juste sur la vieille, qui voulut alors leur échapper. Mais ils réussirent à l’attraper et lui attachèrent les mains derrière le dos et la traînèrent devant le wali qui lui demanda : « Qu’as-tu fait de toutes les choses volées ? » Elle répondit : « Moi ! je n’ai jamais rien volé à personne ! Et je n’ai rien vu ! Et je ne comprends pas ! » Alors le wali se tourna vers le gardien en chef des prisons et lui dit : « Jette-la jusqu’à demain dans ton cachot le plus moisi ! » Mais le geôlier répondit : « Par Allah ! je me garderai bien de prendre sur moi une telle responsabilité ! Je suis sûr qu’elle saura trouver un expédient pour m’échapper ! » Alors le wali se dit : « Le mieux, c’est de l’exposer à tous les regards, pour qu’elle ne puisse s’échapper, et de là faire surveiller toute cette nuit, pour que demain nous puissions la juger ! » Et il monta à cheval et, suivi de toute la bande, il la fit traîner hors des murs de Baghdad et attacher par les cheveux à un poteau en