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histoire de dalila-la-rouée…
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rase campagne. Puis, pour qu’il n’y eût pas de mécompte, il chargea les cinq plaignants eux-mêmes de la veiller cette nuit-là jusqu’au matin.

Donc les cinq, surtout l’ânier, commencèrent par assouvir sur elle leur ressentiment en l’appelant par tous les noms que leur suggéraient les avanies et escroqueries par eux subies ! Mais comme toute chose a une fin, même le fond du sac à quolibets d’un ânier et de la cuvette à malices d’un barbier et de la cuve à acides d’un teinturier, et comme d’ailleurs la privation de sommeil depuis trois jours et les émotions les avaient anéantis, les cinq plaignants, finirent, une fois leur repas terminé, par s’assoupir au pied du poteau où était attachée par les cheveux Dalila-la-Rouée.

Or, la nuit était déjà avancée, et les cinq compagnons ronflaient autour du poteau, lorsque deux Bédouins à cheval, qui s’entretenaient ensemble en allant au pas, s’approchèrent de l’endroit où était attachée Dalila. Et la vieille les entendit qui se faisaient part de leurs sensations. L’un des Bédouins, en effet, demandait à son compagnon : « Toi, frère, qu’as-tu fait de mieux durant ton séjour dans la merveilleuse Baghdad…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.