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les mille nuits et une nuit

sage charmant et clair, se leva aussitôt et s’habilla avec une grande élégance et se voila le visage d’une légère mousseline de soie, tant que l’éclat de ses yeux en était plus velouté et captivant. Alors, attifée de la sorte, elle vint embrasser sa mère et lui dit : « Ô mère, je jure, par la vie de mon cadenas intact et fermé ! de me rendre la maîtresse des Quarante et Un, et d’en faire mon jouet ! » Et elle sortit de la maison et s’en alla à la rue Mustapha, et entra dans le cabaret tenu par le Hagg-Karim de Mossoul.

Elle commença d’abord par faire un salam très gentil au Hagg-Karim, le cabaretier, qui, charmé, lui rendit au double son salam. Alors elle lui dit : « Ya Hagg-Karim, voici cinq dinars pour toi si tu veux me louer pour jusqu’à demain ta grande salle du fond, où je veux inviter quelques amis, sans que les clients ordinaires puissent y pénétrer ! » Il répondit : « Par ta vie, ô ma maîtresse, et par la vie de tes yeux, les beaux yeux, je consens à te louer ma grande salle pour rien, à charge seulement pour toi de ne point ménageries boissons à tes invités ! » Elle sourit et lui dit : « Ceux que j’invite, ya Hagg, sont des gargoulettes dont le potier a oublié de fermer le cul ! Toute ta boutique, quant à ses liquides, y passera ! Sois sans crainte à ce sujet ! » Et aussitôt elle retourna à la maison où elle prit l’âne de l’ânier et le cheval du Bédouin, les chargea de matelas, de tapis, d’escabeaux, de nappes, de plateaux, d’assiettes et autres ustensiles et revint en toute hâte au cabaret, et déchargea l’âne et le cheval de toutes ces choses pour les ranger dans la grande salle qu’elle avait louée. Elle tendit ensuite les nappes, mit en