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histoire de dalila-la-rouée…
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eux causés par la vieille. Aussi le khalifat, qui était magnanime et généreux, commença par rendre à chacun d’eux les objets qui leur avaient été volés, et les dédommagea amplement sur sa cassette particulière. Et spécialement à l’ânier, à cause de la perte de ses deux molaires et des cautérisations subies, il fit donner mille dinars d’or, et il le nomma chef de la corporation des âniers. Et tous sortirent du Diwân, en se félicitant de la générosité du khalifat et de sa justice, et oublièrent leurs tribulations.

Quant à Dalila, le khalifat lui dit : « Maintenant, ô Dalila, tu peux me demander ce que tu souhaites ! » Elle embrassa la terre entre les mains du khalifat et répondit : « Ô émir des Croyants, je ne souhaite qu’une seule chose de ta générosité, et c’est de rentrer dans la charge et les appointements de mon défunt mari, le directeur des pigeons messagers ! Et je saurai remplir ces fonctions, car du vivant de mon mari c’était moi qui, aidée de ma fille Zeinab, donnais les grains aux pigeons et nettoyais le pigeonnier et attachais les lettres à leur cou. Et c’était moi également qui surveillais le grand khân que tu as fait construire pour le service des pigeons, et que gardaient jour et nuit quarante nègres et quarante chiens, ceux-là mêmes que tu as pris au roi des Afghans, descendants de Soleimân, lors de ta victoire sur ce roi ! » Et le khalifat répondit : « Soit ! ô Dalila, je vais te faire écrire à l’instant la direction du grand khân des pigeons messagers et le commandement des quarante nègres et des quarante chiens enlevés au roi des Afghans, descendants de Soleimân ! Et tu seras ainsi responsable sur ta tête