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les mille nuits et une nuit

de la perte d’un de ces pigeons qui me sont plus précieux que la vie même de mes enfants. Mais je ne doute point de tes capacités ! » Alors Dalila ajouta : « Je voudrais également, ô émir des Croyants, que ma fille Zeinab habitât avec moi dans le khân pour m’aider dans la surveillance générale ! » Et le khalifat lui en donna l’autorisation.

Alors Dalila, après avoir baisé les mains du khalifat, se rendit à sa maison et, aidée par sa fille Zeinab, fit transporter ses meubles et ses effets dans le grand khân, et choisit comme lieu d’habitation le pavillon construit à l’entrée même du khân. Et, le jour même, elle prit le commandement des quarante nègres, et, habillée d’habits d’homme et la tête coiffée d’un casque d’or, elle se rendit à cheval auprès du khalifat pour prendre ses ordres et s’informer des messages qu’il pouvait y avoir à expédier dans les provinces ! Et, quand vint la nuit, elle lâcha dans la grande cour du khân, pour la garde, les quarante chiens de la race de ceux des bergers de Soleimân. Et tous les jours elle continua à se rendre au Diwân, à cheval, coiffée du casque d’or surmonté d’un pigeon en argent, et accompagnée du cortège de ses quarante nègres vêtus de soie rouge et de brocart. Et, pour orner sa nouvelle demeure, elle y suspendit les habits d’Ahmad-la-Teigne, d’Ayoub Dos-de-Chameau et de leurs compagnons.

Et c’est ainsi que dans Baghdad Dalila-la-Rouée et sa fille Zeinab-la-Fourbe obtinrent, par leur adresse et leurs artifices, la charge si honorable de la direction des pigeons, et le commandement des quarante nègres et des quarante chiens gardiens