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dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
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« C’est du raisin que vient la meilleure liqueur ! Il n’est point de bonheur sans un ami de cœur ! Le délice chez soi double ainsi de valeur ! Et la place d’honneur est pour le beau parleur ! »

Lorsque le porteur d’eau aperçut Ali Vif-Argent, il fit tinter en son honneur les deux tasses retentissantes, et chanta :

« Ô passant, voilà la pure ! la douce, la délicieuse, la fraîche, l’eau ! l’œil du coq, mon eau ! le cristal, mon eau ! l’œil, ô mon eau ! la joie des gosiers ! le diamant ! l’eau, l’eau, mon eau ! »

Puis il demanda : « Mon seigneur, en veux-tu une tasse ? » Vif-Argent répondit : « Donne ! » Et le porteur lui remplit une tasse, qu’il eut soin au préalable de soigneusement rincer, et la lui offrit, disant : « Le délice ! » Mais Ali, ayant pris la tasse, la regarda un instant, l’agita et en répandit l’eau à terre, en disant : « Donne-m’en une autre ! » Alors le porteur, formalisé, le mesura des yeux, et s’écria : « Par Allah ! et que trouves-tu dans cette eau plus claire que l’œil du coq, pour ainsi la répandre à terre ? » Il répondit : « C’est mon plaisir ! Verse-m’en une autre ! » Et le porteur remplit d’eau la tasse pour la seconde fois et l’offrit religieusement à Ali Vif-Argent qui la prit et la répandit encore, en disant : « Remplis-la-moi encore une fois ! » Et le porteur s’écria : « Ya sidi, si tu ne veux pas boire, laisse-moi continuer mon chemin ! » et il lui tendit une troisième tasse d’eau. Mais cette fois Vif-Argent vida