Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
211

limite de l’émotion, et cria à son lieutenant Dos-de-Chameau : « Ô Dos-de-Chameau, va vite ouvrir au plus beau des fils des hommes ! Celui qui frappe à ma porte n’est autre que mon ancien lieutenant du Caire, Ali Vif-Argent ! Je le reconnais à sa manière de frapper ! » Et Dos-de-Chameau ne douta pas un instant que ce fût précisément Ali Vif-Argent qui était là, et se hâta d’aller lui ouvrir la porte et de l’introduire auprès d’Ahmad-la-Teigne. Et les deux anciens amis s’embrassèrent tendrement ; et Ahmad-la-Teigne, après les premières effusions et les salams réitérés, le mit en présence de ses quarante gardes qui lui souhaitèrent la bienvenue comme à leur frère. Après quoi Ahmad-la-Teigne l’habilla d’une magnifique robe en lui disant : « Quand le khalifat m’a nommé chef de Sa Droite et donné les habillements de mes hommes, j’ai mis pour toi de côté cette robe, pensant qu’un jour ou l’autre je te retrouverais ! » Puis il le fit s’asseoir au milieu d’eux à la place d’honneur ; et il fit servir un festin prodigieux pour fêter son retour ; et ils se mirent tous à manger, à boire et à se réjouir, durant toute cette nuit-là !

Le lendemain matin, comme c’était l’heure pour Ahmad de se rendre au Diwân à la tête de ses quarante, il dit à son ami Ali : « Ya Ali, il te faut être prudent au commencement de ton séjour à Baghdad. Garde-toi donc bien de sortir de la maison, pour ne point attirer sur toi la curiosité des habitants d’ici, qui sont gluants ! Ne crois point que Baghdad soit le Caire ! Baghdad est le siège du khalifat, et les espions y fourmillent comme en Égypte les mouches, et les escrocs et les roués y pullulent comme là-bas les