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les mille nuits et une nuit

Ahmad-la-Teigne ! Et je crains fort que cet étranger, que personne ne connaît dans le souk, ne soit venu à Baghdad pour nous jouer quelque mauvais tour ! C’est pour cela que je vais consulter à son sujet ma table divinatoire ! »

À ces paroles, elle agita le sable, selon le mode cabalistique, en marmottant des paroles talismaniques et lisant à l’envers des lignes hébraïques ; puis elle fit, sur un grimoire, des combinaisons de nombres et de lettres algébriques et alchimiques, et, se tournant vers sa fille, lui dit : « Ô fille mienne, ce beau jeune homme s’appelle Ali Vif-Argent du Caire ! Il est l’ami de notre ennemi Ahmad-la-Teigne qui ne l’a fait venir à Baghdad que pour nous jouer quelque mauvais tour, et se venger ainsi de celui que tu lui as joué toi-même en l’enivrant et le dépouillement de ses habits, lui et ses quarante ! » D’ailleurs il loge dans la maison même d’Ahmad-la-Teigne ! » Mais sa fille Zeinab lui répondit : « Ô mère mienne, et qu’est-il après tout, celui-là encore ! Ne voilà-t-il pas que tu fais cas de cet imberbe jouvenceau ! » Elle répondit : « La table de sable vient de me révéler, en outre, que la chance de cet adolescent remportera, et de beaucoup, sur ma chance et la tienne ! » Elle dit : « Nous allons bien voir, ô mère ! » Et aussitôt elle se vêtit de sa plus belle robe, après s’être velouté le regard avec sa baguette de kohl et joint les sourcils avec sa patte noire parfumée, et sortit pour tâcher de rencontrer le jeune homme en question.

Elle se mit à parcourir lentement les souks de Baghdad, en balançant ses hanches et mouvant ses