Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
213

rir les rues de Baghdad, en passant d’un endroit à l’autre, et s’arrêtant quelquefois chez un pâtissier ou dans une boutique de cuisinier pour manger un morceau ou avaler une bouchée de pâtisserie. Et voici qu’il aperçut un cortège de quarante nègres habillés de soie rouge, coiffés de hauts bonnets de feutre blanc et armés de grands coutelas d’acier. Ils marchaient deux par deux, en bon ordre ; et derrière eux, montée sur une mule harnachée richement, coiffée d’un casque d’or surmonté d’une colombe en argent, et revêtue d’une cotte de mailles en acier, s’avançait, dans sa gloire et sa splendeur, la directrice des pigeons, Dalila-la-Rouée !

Elle venait précisément de sortir du Diwân et rentrait au khân. Mais comme elle passait devant Ali Vif-Argent, qu’elle ne connaissait pas et qui ne la connaissait pas, elle fut étonnée de sa beauté, de sa jeunesse, de sa belle taille, de son maintien élégant, de son extérieur agréable et surtout de sa ressemblance, comme expression de regard, avec Ahmad-la-Teigne lui-même, son ennemi. Et aussitôt elle dit un mot à l’un de ses nègres, qui alla s’informer en cachette auprès des marchands du souk du nom et de la condition du beau jeune homme ; mais nul ne sut le renseigner. Aussi lorsque Dalila fut rentrée à son pavillon du khân, elle appela sa fille Zeinab et lui dit d’apporter la table du sable divinatoire ; puis elle ajouta : « Ma fille, je viens de rencontrer dans le souk un jeune homme si beau que la beauté le reconnaîtrait pour l’un de ses favoris ! Mais, ô ma fille, son regard ressemble étrangement à celui de notre ennemi