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dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
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de la poulie, et se fit descendre dans le seau au fond du puits. Lorsqu’il fut arrivé dans l’eau, il lâcha la corde et plongea à la recherche de la bague ; et l’eau lui arrivait aux épaules, froide et noire dans l’obscurité. Et au même moment Zeinab-la-Fourbe remonta vivement le seau, et cria à Vif-Argent : « Tu peux appeler maintenant à ton secours ton ami Ahmad-la-Teigne ! » et se hâta de sortir de la maison, en emportant les effets de Vif-Argent. Puis sans même refermer la porte derrière elle, elle retourna près de sa mère.

Or la maison dans laquelle Zeinab avait entraîné Vif-Argent appartenait à un émir du Diwân, absent alors pour ses affaires. Aussi lorsqu’il fut de retour à sa maison et qu’il vit sa porte ouverte, il fut persuadé qu’un voleur était entré chez lui, et il appela son palefrenier et se mit à faire des recherches par toute la maison ; mais voyant que rien n’avait été enlevé et qu’il n’y avait pas trace de voleur, il ne tarda pas à être rassuré. Puis, comme il voulait faire ses ablutions, il dit à son palefrenier : « Prends l’aiguière, et va me la remplir de l’eau fraîche du puits ! » Et le palefrenier alla au puits et y fit descendre le seau, et, lorsqu’il le crut rempli à point, il voulut le retirer ; mais il le trouva extraordinairement lourd. Alors il regarda au fond du puits et aperçut, assise sur le seau, une vague forme noire qu’il prit pour un éfrit ! À cette vue, il lâcha la corde et, affolé, se mit à courir en criant : « Ya sidi, un éfrit habite le puits ! Il est assis dans le seau ! » Alors l’émir lui demanda : « Et comment est-il ? » Il dit : « Il est terrible et noir ! Et il grognait comme