Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/229

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dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
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l’eau pour me laver ; mais un tourbillon m’entraîna au fond de l’eau, et un courant du fond souterrain me poussa à travers les nappes liquides jusque dans ce puits, où ma destinée se trouvait et mon salut par ton entremise ! » L’émir ne douta pas un instant de la véracité de ce récit et dit : « Tout arrive de ce qui est écrit ! » Et il lui donna un vieux manteau pour s’en couvrir, et le renvoya en le plaignant de son séjour dans l’eau froide du puits.

Lorsque Vif-Argent arriva chez Ahmad-la-Teigne, où l’on était fort inquiet à son sujet, et qu’il raconta son aventure, on se moqua beaucoup de lui, surtout Ayoub Dos-de-Chameau qui lui dit : « Par Allah ! comment peux-tu avoir été chef de bande au Caire, et te laisser duper et dépouiller à Baghdad par une jouvencelle ? » Et Hassan-la-Peste, qui était précisément en visite chez son collègue, demanda à Vif-Argent : « Ô naïf Égyptien, connais-tu au moins le nom de l’adolescente qui s’est jouée de toi, et sais-tu qui elle est, et de qui elle est la fille ? » Il répondit : « Oui, par Allah ! elle est la fille d’un marchand et l’épouse d’un marchand ! Quant à son nom, elle ne me l’a pas dit ! » À ces paroles Hassan-la-Peste partit d’un retentissant éclat de rire, et lui dit : « Je vais te l’apprendre ! Celle que tu crois être une femme mariée est une jeune fille vierge, j’en réponds ! Elle s’appelle Zeinab ! Et elle n’est la fille d’aucun marchand, mais de Dalila-la-Rouée, notre directrice des pigeons messagers ! À elle et sa mère, elles feraient tourner tout Baghdad sur leur petit doigt, ya Ali ! Et c’est elle-même qui s’est jouée de ton grand et l’a dépouillé de ses habits, lui et ses quarante que