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dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
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à Zoraïk, et lui dit : « Mets-moi de ton poisson dans mon assiette ! » Et Zoraïk répondit : « Sur ma tête, ô mon maître ! » Et il voulut donner au palefrenier du poisson qui était exposé sur le plateau de devanture ; mais le palefrenier refusa, disant : « J’en veux du chaud ! » Et Zoraïk répondit : « Il est encore à frire. Attends un peu que j’attise le feu ! » et il entra dans son arrière-boutique.

Aussitôt Vif-Argent profita de ce moment pour porter la main à la bourse ; mais soudain toute la boutique retentit du vacarme assourdissant des clochettes, des grelots, des hochets et des ferrailles ; et Zoraïk, bondissant d’une extrémité à l’autre de sa boutique, saisit un gâteau de plomb et le lança de toutes ses forces à la tête du faux palefrenier en lui criant : « Ah ! vieil enculé, si tu crois que je ne t’ai pas deviné, rien qu’à la façon dont tu tenais dans tes mains l’assiette et la monnaie ! » Mais Vif-Argent, qu’une première expérience avait déjà mis en garde, esquiva le coup en baissant prestement la tête, et s’échappa de la boutique, tandis que le lourd gâteau de plomb allait s’abattre au milieu d’un plateau contenant des porcelaines remplies de lait caillé et que portait sur sa tête l’esclave du kâdi ! Et le lait caillé éclaboussa le visage et la barbe du kâdi et lui inonda sa robe et son turban. Et les passants rassemblés autour de la boutique crièrent à Zoraïk : « Cette fois, ô Zoraïk, le kâdi te fera payer les intérêts du capital renfermé dans ta bourse, ô chef des batailleurs ! »

Quant à Vif-Argent, une fois arrivé chez Ahmad-la-Teigne, à qui il raconta ainsi qu’à la Peste sa seconde tentative sans succès, il ne voulut point