Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/247

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dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
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Or, Zoraïk était marié à une négresse, autrefois esclave de Giafar Al-Barmaki et, depuis, libérée par sa générosité. Et Zoraïk avait même eu de son épouse, la négresse, un enfant mâle dont on allait bientôt célébrer la circoncision. Aussi lorsque Zoraïk eut apporté la bourse à sa femme, celle-ci lui dit : « Voilà une générosité qui ne t’est point habituelle, ô père d’Abdallah ! La circoncision d’Abdallah va donc être célébrée somptueusement ! » Il répondit : « Alors tu crois que je t’apporte la bourse pour que tu la vides en dépenses de circoncision ? Non, par Allah ! Va vite la cacher en bas, dans un trou creusé dans le sol de la cuisine ! Et reviens vite pour dormir ! » Et la négresse descendit creuser un trou dans la cuisine, y enterra la bourse et revint se coucher aux pieds de Zoraïk. Et Zoraïk fut gagné par le sommeil, à cause de la chaleur de la négresse, et eut un rêve dans lequel il lui semblait voir un grand oiseau creuser du bec un trou dans sa cuisine, en déterrer la bourse, et l’emporter dans ses serres en s’envolant dans les airs ! Et il se réveilla en sursaut et criant : « Ô mère d’Abdallah, la bourse vient d’être enlevée ! Va vite voir à la cuisine ! » Et la négresse, tirée de son sommeil, se hâta de descendre à la cuisine avec de la lumière, et vit effectivement non point un oiseau, mais un homme qui, la bourse à la main, s’enfuyait par la porte ouverte et courait dans la rue ! C’était Vif-Argent qui avait suivi Zoraïk, épié ses mouvements et ceux de son épouse, et avait fini, caché derrière la porte de la cuisine, par réussir enfin à enlever cette bourse tant convoitée.

Lorsque Zoraïk eut constaté la perte de sa bourse,