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les mille nuits et une nuit

l’arrivée de Zoraïk qui ne tarda pas à venir frapper à la porte.

Alors Vif-Argent, contrefaisant la voix et le parler de la négresse, demanda : « C’est toi, ya sidi ? » Il répondit : « Oui ! c’est moi ! » Il dit : « As-tu rapporté la bourse ? » Il dit : « La voilà ! » Il dit : « Je ne la vois pas dans l’obscurité ! Et je ne t’ouvrirai la porte que lorsque j’aurai compté l’argent ! Je vais te descendre un panier par la fenêtre et tu me l’y mettras ! Et ensuite moi je t’ouvrirai la porte ! » Puis Vif-Argent descendit par la fenêtre un panier où Zoraïk mit la bourse ; et il se hâta de le remonter. Il prit la bourse, le petit garçon et le panier de gâteaux et s’enfuît par le chemin d’où il était venu, pour arriver chez Ahmad-la-Teigne et remettre enfin entre les mains de Hassan-la-Peste le triple butin triomphal. À cette vue la Peste le félicita beaucoup et fut très fier de lui ; et tous se mirent ensuite à manger les gâteaux de la fête, en faisant mille plaisanteries sur le compte de Zoraïk.

Quant à Zoraïk, il attendit longtemps dans la rue que son épouse, la négresse, lui ouvrît ; mais la négresse ne venait pas, et il finit, impatienté, par frapper la porte à grands coups redoublés qui réveillèrent tous les voisins et les chiens du quartier. Et nul ne lui ouvrait. Alors il enfonça la porte, et, furieux, il monta chez son épouse, et il vit ce qu’il vit.

Lorsqu’il eut appris de son épouse délivrée ce qui venait de se passer, il se donna de grands coups au visage, s’arracha la barbe et courut, dans cet état, frapper à la porte d’Ahmad-la-Teigne. C’était déjà le