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les mille nuits et une nuit

fond de la cour, dans l’enceinte protectrice. Il commença d’abord par marmotter sur l’âne Ali des paroles incantatrices et il l’aspergea avec quelques gouttes d’eau qui lui rendirent sa première forme humaine ; puis, le tenant à une certaine distance, il lui dit : « Veux-tu, ya Ali, suivre maintenant mes conseils et, avant que je te métamorphose en quelque forme nouvelle pire que la première, renoncer à ton projet téméraire et t’en aller en ta voie ? » Il répondit : « Non, par Allah ! du moment qu’il est écrit que ma fortune l’emporte sur ta fortune, il me faut ou te tuer ou m’emparer de la robe de Kamaria, et te convertir à la foi de l’Islam ! » Et il voulut se précipiter sur le magicien Azaria qui, à cette vue, étendit la main et lui jeta au visage quelques gouttes de la tasse gravée de paroles talismaniques, en lui criant : « Deviens un ours ! » Et aussitôt Ali Vif-Argent fut transformé en ours, avec une grosse chaîne pendue à un anneau de fer qui lui traversait les naseaux, et muselé et tout dressé à danser. Puis il se pencha à son oreille et lui dit : « Ah ! scélérat, tu es semblable à la noix qui ne saurait être utilisée avant qu’on lui ait cassé la coque et l’écale ! » Et il l’attacha à un pieu fiché dans l’enceinte fortifiée, et ne vint le reprendre que le lendemain. Il monta alors sur sa mule des jours passés, et traîna derrière lui l’ours Ali jusqu’à la boutique, après avoir fait disparaître le palais enchanté, et l’attacha à côté de la mule, pour s’occuper ensuite de son or et de ses clients. Et l’ours Ali entendait et comprenait, mais ne pouvait parler !

Sur ces entrefaites, un homme vint à passer de-