Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/261

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dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
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vant la boutique qui vit l’ours enchaîné et entra à l’instant demander au juif : « Ô maître Azaria, veux-tu me vendre cet ours ? On a prescrit à mon épouse malade de la chair d’ours et, comme onguent, de la graisse d’ours ; mais je n’en trouve nulle part ! » Le magicien répondit : « Vas-tu l’immoler de suite ou l’engraisser d’abord pour avoir plus d’onguent ? » Il répondit : « Il est assez gras comme cela pour mon épouse. Et je vais le faire égorger aujourd’hui même ! » Le magicien, à la limite de la joie, répondit : « Puisque c’est pour le bien de ton épouse, je te cède l’ours pour rien ! » Alors l’homme emmena l’ours à sa maison et appela un boucher qui arriva avec deux grands coutelas qu’il se mit à aiguiser l’un sur l’autre, après s’être retroussé les manches. À cette vue, la cherté de l’âme doubla les forces de l’ours Ali qui, au moment où ils le renversaient pour l’égorger, bondit soudain d’entre leurs mains, et s’envola plus qu’il ne courut jusqu’au palais du magicien.

Lorsque Azaria vit revenir l’ours Ali, il se dit : « Je vais encore faire une dernière tentative sur lui ! » Il l’aspergea, comme à l’ordinaire, et lui rendit sa forme humaine, après avoir appelé, cette fois, sa fille Kamaria à assister à la métamorphose. Et la jeune fille vit Ali sous sa forme humaine et le trouva si beau que dans son cœur elle conçut pour lui un amour violent. Aussi, se tournant vers lui, elle lui demanda : « Est-ce vrai, ô beau jeune homme, que ce n’est point moi que tu désires, mais seulement ma robe et mes effets ? » Il répondit : « C’est vrai ! Car je les destine à Zeinab