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dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
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Mais au même moment un grand cri se fit entendre, la porte s’ouvrit toute grande, et une merveilleuse jeune fille fit son entrée dans la chambre en portant sur ses bras deux plateaux d’or superposés : sur le plateau d’or du bas se trouvaient la robe d’or, la couronne d’or, la ceinture d’or et la pantoufle d’or, et sur le plateau plus petit du haut, sanglante et les yeux convulsés, se trouvait la tête coupée du Juif Azaria !

Or, cette troisième jeune fille, si belle, n’était autre que Kamaria, la fille du magicien qui, ayant déposé les deux plateaux aux pieds d’Ali Vif-Argent, lui dit : « Je t’apporte, ô Ali, car je t’aime, les effets que tu convoitais et la tête de mon père le Juif ! Car moi maintenant je suis devenue musulmane ! » Et elle prononça : « Il n’y a de Dieu qu’Allah ! Et Môhammad est l’envoyé d’Allah ! »

À ces paroles, Ali Vif-Argent répondit : « Je veux bien consentir à t’épouser conjointement à ces deux jeunes filles que voici, puisque tu m’apportes, toi femme, contrairement aux ordinaires usages, un si beau présent de noces ! Mais c’est à condition qu’à mon tour je fasse cadeau de ces objets à Zeinab, fille de Dalila, que je désire avoir comme quatrième épouse, puisque la loi permet quatre épouses légitimes ! » Kamaria y consentit, et les deux autres jeunes filles également. Et le brocanteur demanda : « Nous promets-tu au moins de ne point prendre sur tes quatre épouses légitimes des concubines ? » Il répondit : « Je le promets ! » Et il prit le plateau d’or qui contenait les effets de Kamaria, et sortit pour aller les porter à Zeinab, fille de Dalila.